Tout avait pourtant bien commencé : départ de Montréal mardi matin à 9h, dans une belle voiture de location (une Dodge), à peine 2h de route pour se rendre à l'entrée du parc. Même Francis Cabrel nous a accompagné sur notre route (vive "Passion Rock" !) ! On fait un dernier briefing : nourriture OK, tentes OK, eau OK (on n'aura surement pas assez d'eau pour tout le séjour, mais on a une gourde filtrante et au pire on fera bouillir l'eau du lac), produit anti-moustique OK. Bref pour nous 4, tout a l'air parfait ! Pauvres français que nous sommes !
A la cabane d'accueil du parc, on demande conseil au ranger pour faire notre parcours. Le programme :
- 1er jour : petite rando pour se mettre en jambe, puis location des canots, environ 2h de canot pour rejoindre notre 1er camping.
- 2ème jour : grosse journée au programme. Premier portage (pour passer de lac en lac, il faut porter les canots) de 2.8km, traversée d'un lac, deuxième portage de 600m, traversée d'un petit lac, et dernier portage de 1.2km, pour enfin rejoindre en canot notre deuxième camping.
- 3ème jour : un peu de canot, puis une randonnée pour aller jusqu'à des chutes, et retour au même camping
- 4ème jour : une bonne traversée pour retourner au point de départ, avant midi.
Programme chargé, mais ça ne nous semble pas insurmontable du tout ! Après tout, le canot c'est reposant, on est juste assis. Et puis le portage, c'est pas si pire, juste quelques kilomètres ... Ah, si on a avait su !!!
Quelques indices auraient dû nous mettre la puce à l'oreille : à peine sortis de la voiture, on se fait déjà agressé par plusieurs moustiques ... Un peu de produit anti-moustiques, ça devrait faire l'affaire ... Insouciance ...
Jour 1:
Bref, on commence donc par une petite rando, qui nous emmène à des petites chutes d'eau, dans lesquelles on se baigne.
Et ensuite on prend un peu d'altitude pour avoir un très joli point de vue sur la forêt et le premier lac. Pic-nique sur ce point de vue, pas trop de moustiques, mais on s'est pris une averse qui les a fait fuir.
On prends ensuite toutes nos affaires, on loue les canots : 2 canots deux places. Et on part à l'aventure !!
On commence en remontant le lac Wapizagonke. Le cadre est vraiment magnifique, on est seuls au monde, on s"amuse bien sur la route dans nos petits canots. On arrive en fin d'après-midi dans notre camping. Et quand je dis camping, c'est en fait juste 2/3 emplacement à peu près aménagés pour y poser une tente, un foyer pour faire du feu, des toilettes sèches, et un portique pour accrocher la nourriture la nuit (à l'abri des grosses bebettes). Le tout accessible uniquement par le lac. Autant dire qu'on a pas beaucoup de voisins !
C'est pendant l'installation de notre campement qu'on commence à se poser des questions : les moustiques attaquent en masse et ne nous lâchent jamais, malgré les anti-moustique ! On expérimente alors plusieurs techniques : la "technique du taliban" (cf photos), la "technique de la vache" (avec une chaussette en guise de queue), mais rien n'y fait, les moustiques sont plus fort (et surtout plus nombreux). Et en plus, ils ont des alliées : les mouches noires (qui arrachent des morceaux de peau au lieu de piquer). La seule solution est de se réfugier au milieu du lac, pendant que nos patates cuisent tranquillement sur le feu. Là, on retrouve le calme, la beauté du couché de soleil sur le parc ! On croise même une maman canard et ses bébés canards à quelques mètres de nos canots.
Retour au campement. Par miracle, les moustiques ont disparus, on peut enfin passer une soirée tranquillement, à manger nos patates bolognaises (recette copyrightée), jouer aux dés (un jeu que nous apprends François, qui curieusement invente des règles au cours du jeu, bizarrement aux moments où il perd ...).
Jour 2:
Après une nuit pas vraiment reposante (je n'avais pas de tapis de sol, et le sol canadien est assez dur !), on range le campement, on mange assez rapidement car les moustiques sont eux aussi levés. A 9h, nous voilà repartis sur la lac.
Après une très courte traversée, on entame notre 1er portage : 2.8km. On ne sait pas trop comment s'y prendre, on commence donc avec nos gros sacs de rando sur le dos, et à porter nos canots à bout de bras, un devant, un derrière.
On s'enfonce dans la forêt, et tout de suite ça grimpe. C'est pas de la haute montagne, mais avec tout notre chargement, c'est sacrement physique ! On avance de quelques centaines de mètres, on fait une pause, et on recommence. On essaye plusieurs techniques de portage : à bout de bras, sur la tête (toujours un devant et un derrière), et même en désespoir de cause en le traînant au bout d'une corde. Si il n'y avait que ça, on aurait déjà vraiment bien galéré ! Mais là encore on est accompagné de quelques centaines (milliers !?) de moustiques et mouches noires !! Et chargés comme nous le sommes, sans défense pour les repoussé !! Quel festin pour eux !!!
Début du 1er portage ... |
Au bout d'une heure à ce rythme, la fatigue (physique et morale) arrivant, on décide de changer de tactique : on abandonne les canots sur le bord de la route, et on décide de faire un voyage avec juste nos sacs, puis revenir chercher les canots. Ca nous permet effectivement d'avancer plus vite, de moins subir les assauts des moustiques. On arrive finalement au lac suivant, gros soulagement, et une bonne baignade nous calme un peu !! Mais le repos est de courte durée, et on retourne dans l'enfer vert !! Malgré la chaleur et l'humidité ambiante (pas loin de 30°C, et un temps très lourd), on se couvre comme en hiver : pantalon, sweet à capuche, pour tenter de limiter les parties exposées aux moustiques. Du coup, c'est vraiment très très dur, à chaque arrêt pour reprendre des forces, on se fait tout de suite dévorer, et dès qu'on marche, on cuit sous nos vêtements et on ne peut plus repousser les petites bêtes.
Bref, c'est complètement épuisé qu'on arrive enfin au lac avec nos canots (ça nous aura pris à peu près 3h pour faire 2.8km !!!) !! Et là, miracle, le vent s'est levé, ce qui a fait fuir les moustiques du bord !! On peut manger un peu, et surtout, se reposer !! Mais l'heure avance, et vu ce qu'il nous reste à faire pour arriver au camping suivant, il est grand temps d'y aller !!
Juste avant de partir, on croise 2 locaux (à peu près les seuls personnes qu'on aura croisé pendant tout notre séjour !). On échange quelques informations, ils nous expliquent la bonne technique de portage (une seule personne doit porter la canot, au milieu), et nous souhaite bon courage pour la suite (on va en avoir besoin !!).
Nous voilà donc reparti sur l'eau, contre le vent, mais aucun problème vu que les moustiques nous laissent tranquille !! On reste un bon moment sur ce lac (on le traverse quasiment entièrement, et en plus on s'est un peu perdu ...), mais c'est vraiment très très beau, à nous faire oublier nos malheurs du matin. Malheureusement, tout a une fin, sauf les moustiques !!
Le 2ème portage |
Pour le 3ème portage, on décide tout de suite de faire un 1er passage juste avec nos sacs, et de revenir pour porter les canots. On prends juste quelques instants pour filtrer en catastrophe l'eau du lac avec des filtres à café, parceque la déshydratation n'est pas loin (pour moi en tout cas !). Le dernier portage se fait vraiment alors qu'on est épuisé !
Passage d'un barrage de castors |
Plus qu'un peu de canots à faire, et on arrive enfin à notre camping. Mais c'était sans compter sur un dernier petit obstacle : on doit passer un barrage de castors, dans une zone un peu marécageuse. Et qui dit marécage ... Quelques dizaines de boutons plus loin, le camping tant rêvé !!! Il est déjà 20h !! On ne traîne pas pour monter les tentes, et on s'y réfugie pendant que les pâtes cuisent !!
Pas de jeu ce soir, la journée aura vraiment été épuisante !! Juste une réunion de crise, en se disant qu'on ne pourra jamais supporter une journée de plus avec ces hosties de moustiques !! On prend donc la décision d'écourter notre séjour d'une journée, et de rentrer le lendemain.
La Nature vs Les français : 1-0
Jour 3:
On traîne un peu plus dans la tente au réveil, tellement on a l’appréhension de retourner se faire dévorer dehors (c'est pire qu'un film d'horreur !!). Cette fois, on ne prends même pas le temps de manger, on fuit sur le lac. Là, enfin à l'abris, on mange un peu, on fait même une petite sieste sur l'eau. Bien sympa.
Un moment de repos ! |
On arrive à la base complètement trempé, on s'abrite dans les installations, on peut enfin souffler !! On fait sécher nos affaires, on peut enfin boire de l'eau potable (même si personne n'a été malade à boire l'eau du lac), et manger 2/3 trucs.
Retour à la voiture : quel plaisir de fermer les portes, en laissant tous les moustiques dehors !!!
Arrivée à Montréal vers 17h, une bonne douche, et surtout une bonne nuit !!
Bilan du séjour :
Des bonnes courbatures, des dizaines (voire des centaines) de piqûres (!!!!) et un sentiment assez mitigé. A la fois un super souvenir car les paysages sont magnifiques, le principe du canot-camping est génial, on se retrouve en plein milieu de la nature, seul au monde. Mais pas mal gâché par ces moustiques ! Bref, c'est vraiment à faire, mais pas à cette période de l'année.
Dans tous les cas, ça restera une sacré aventure qu'on oubliera pas de sitôt !!!
pauvres français, nous voilà prévenus!...il n'y a pas que des moustiques tropicaux...
RépondreSupprimeret peut-être y-a-t-il des moyens un peu moins sportifs de visiter ce parc??
( l'hiver en patin à glaces et raquettes?)
C'est con un français quand même! :)
RépondreSupprimerOui, c'est bien con un français !! Mais ils ont compris la leçon !
RépondreSupprimerJ'ai encore plein de boutons, ça me gratte toujours ! Et quand on me regarde, on dirait un ado en pleine poussée d’acné !!
Je crois que l'hiver il est fermé le parc ... C'est pas drôle si ya pas de moustiques !
Super aventure!! Bon courage pour soigner les boutons!
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